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jeudi 18 novembre 2010

La Vallée des Merveilles

Il était une fois trois drôles de petits personnages, trois bones, perdus dans le désert après s’être fait chasser de Boneville. C’est le début d’une série de péripéties qui s’achève -pour la seconde fois en France- dans le 9e et dernier tome en couleurs de ce comics hors du commun, maintes fois récompensé.



Différent à bien des égards, Bone se démarque déjà par son auteur : Jeff Smith conçoit, dessine, écrit la saga seul, et autoédite les premiers épisodes, sous forme de numéros mensuels. Fait plutôt rare dans le monde des comic-books américains car les séries de ce type, publiées en fascicules, sont souvent l’œuvre de plusieurs auteurs. Le bouche-à-oreilles fonctionne et Bone devient au fil des mois la série à succès que l’on connaît, traduite dans de nombreux pays. Influencée aussi bien par Disney que par Tolkien, elle mêle ainsi un dessin cartoon (les bones ressemblent au Snoopy de Schulz sans nez ni oreilles, le Grand Dragon Rouge fait penser à Elliott (celui de Pete’s Dragon), les petits animaux semblent sortir tout droit de Bambi…) à un trait plus réaliste - lorsqu’il dessine les humains notamment.


La construction même du récit doit beaucoup à Tolkien donc, l’histoire narrant une quête épique du Bien contre le Mal absolu, et l’auteur déployant une faune variée et colorée évoluant dans « la Vallée », un monde imaginaire dont on trouve, comme le veut la tradition, la carte en début et fin de chaque volume. Il s’agit là d’influence et en aucun cas de plagiat, car Jeff Smith parvient à créer un univers original et attachant et une intrigue qu’il sait faire évoluer intelligemment au fil des pages. Autre trait marquant de cette série, l’humour y tient une grande place, à tel point que certains gags pourraient constituer des comic-strips indépendants. Le sens de l’absurde et du comique de Jeff Smith fait des merveilles tout au long de ces neuf volumes.


Ces multiples inspirations, issues d’univers si différents, donnent au final quelque chose de jamais vu, une série qui, s’adressant à un public très large, offre un plaisir de lecture rarement égalé, appelant le rire, l’émerveillement et l’émotion. La couleur ajoutée par Steve Hamaker dans cette édition, loin de dénaturer le dessin de Jeff Smith lui apporte une nouvelle dimension, augmentant les contrastes et les nuances –on peut enfin voir les bones rosir de plaisir – ou de gêne !-. Un régal.


Bonus : si, après avoir lu (et relu) Bone, on veut rester dans l’univers de Jeff Smith, il est toujours possible de se procurer les deux hors-séries, Rose (préquelle dessinée par Charles Vess dans un style plus classique, à lire impérativement après Bone pour ne pas en gâcher le suspense) et Big Johnson Bone contre les rats-garous (récit drôle et léger se déroulant également avant Bone et mettant en scène un ancêtre des trois cousins).

dimanche 7 novembre 2010

Et moi, et moi et moi...

Dans l'univers des BD autobiographiques, j'ai un grand faible pour le plus obsédé de tous, mais aussi un des plus drôles de tous les temps (avec Guillaume Bouzard, mais il fera probablement l'objet d'un autre article) : l'innénarrable et Pauvre Type, Joe Matt.

Il y a une théorie qui expliquerait en partie le succès de Joe Matt auprès de la gent masculine : les hommes en appréciraient la lecture parce qu’il a une vie tellement pathétique qu’il fait passer la leur pour un modèle de réussite. C’est (fort) possible.


Pourtant, il raconte ses « péripéties » avec une telle drôlerie et un tel manque de complaisance envers son personnage dessiné qu’il en devient malgré tout attachant. Et, si on se sent un peu parfois comme son copain Seth « dans des montagnes russes », on ne se lasse pas de lire une fois de plus les mésaventures quotidiennes de l’égocentrique, radin, obsessionnel (le porno est toujours au centre de sa vie), râleur et rustre Joe. C'est hilarant, on en redemande et l’on espère égoïstement que les filles continueront longtemps à lui répondre avec un air effaré, lorsqu’il tendra vers elles sa bouche avide en forme de ventouse : « Mais… Mais… Joe ??? Mais, qu’est ce que tu fais ??? ».
A découvrir ou redécouvrir !



Réédités récemment chez Delcourt, Le Pauvre Type et Epuisé. Théoriquement dispos au Seuil, Strip-Tease et Les Kids.

lundi 18 octobre 2010

Les pépites psychotiques de Bazoom

Pour ce premier bulletin musical, nous tenions à vous entretenir d'un genre qui nous tient particulièrement à coeur chez Bazoom : le rock américain dit "garage" des années mille neuf cent soixante.

Mais me direz-vous, qu'est-ce que le garage-rock ? "Louie Louie" chantée par Iggy Pop, vous connaissez ? Bon, voilà, la quintessence du garage-rock, c'est cette chanson. Le premier gros carton garage vendu à des millions d'exemplaires, c'est une reprise du titre rhythm'n'blues "Louie Louie" de Richard Berry & The Pharaohs (1957) par The Kingsmen en 1963 repris avant et après eux par des milliers de groupes. Le garage-band standard, c'est une bande d'adolescents souvent très jeunes, qui répète génralement dans le garage paternel, à la technique musicale plutôt rudimentaire (cf "Louie Louie" des Kingsmen, truffé de "pains" en tout genres) mais dont l'enthousiasme et la fougue juvéniles donnent un résultat très efficace. Lorsqu'en 1964, Beatles, Rolling Stones, Yardbirds, Animals, Pretty Things et autres Them envahissent le territoire américain, le nombre de ces petits groupes explose littéralement (à en croire la rumeur, 63% des Américains qui avaient moins de 20 ans durant cette période, ont joué dans un groupe). Sous l'influence des Anglais et des acides, les garage-bands expérimentent et partent dans tous les sens en revisitant le blues, le rhythm'n'blues, la soul, la pop, la surf-music ou encore le folk, auxquels ils incorporent la guitare fuzz et les effets de studio marquant les débuts du rock psychédélique, le point culminant étant l'année 1966.

Complètement oublié aux débuts des années soixante-dix, le garage-rock refait surface grâce à une compilation imaginée par Jac Holzman, patron d' Elektra Records, et conçue par Lenny Kaye (futur guitariste du Patti Smith Group et historien du rock), "Nuggets - Original Artyfacts From The First Psychedelic Era" publiée à l'automne 1972. L'objectif étant de rendre compte sur quatre faces, du foisonnement musical de ces jeunes groupes américains entre 1965 et 1968. Réunissant des titres dont une bonne partie avait été classée dans les charts pop, "Nuggets" sort de l'oubli The Electric Prunes, The Thirteen Floor Elevators, The Seeds, The Chocolate Watch Band, The Premiers, The Count Five, The Barbarians, The Standells, The Shadows of Knight, The Knickerbocker The Count Five... au total 27 groupes. Beaucoup de musiciens de la vague punk du milieu des années soixante-dix ont écouté, apprécié et digéré les pépites de Lenny Kaye.

"Nuggets" ainsi que de nombreux albums ou compilations de garage-bands sont disponibles en vinyle et cd chez Bazoom BD-Musique au 32 rue du Belzic, Auray.


lundi 20 septembre 2010

Misanthropie à l'américaine

Puisqu'il fait bon vivre et bon rire en ce moment, je tenais à saluer la contribution de notre ami américain Daniel Clowes, qui nous gratifie (ou plutôt son éditeur français Cornélius) de son nouvel ouvrage à la fin du mois. Après Ghost World, David Boring ou encore Ice Heaven, Mr Clowes continue son observation cynique, cruelle et drôle du genre humain.
Cette fois ci, c'est Wilson, âme esseulée peu charitable, qui nous tient compagnie tout au long de ces 80 pages. Le livre est construit en 70 "gags en une planche", mais forme une histoire suivie au cours de laquelle Wilson, qui ne souffre que sa propre compagnie et celle de Pepper -sa chienne-, va tour à tour apprendre la fin proche de son père, retrouver son ex-femme, kidnapper sa fille tout juste retrouvée, passer quelques années en prison et réfléchir à la vie. Parler de "gags" quand on parle de Clowes est un peu abusif, les chutes se résumant souvent à Wilson énonçant une réplique agressive et/ou pathétique. Mais c'est avec un plaisir pervers que l'on se délecte des saillies condescendantes de ce drôle de bonhomme, qui finalement nous ressemble à bien des égards. Alternant dessin caricatural et réaliste (auquel l'auteur nous a le plus habitué dans ses oeuvres précédentes), il signifie ainsi le côté à la fois sérieux et grotesque de son personnage - et de la vie elle même.
Un petit extrait pour la route : "Si seulement mes parents m'avaient transmis la foi quand j'étais jeune, je pourrais me raccrocher à quelque chose [...]. Mais après un certain âge, il est trop tard pour avaler ces conneries. Faut que ça se fasse avant le développement de la logique ou de la raison."
Cheers !

Wilson de Daniel Clowes publié aux (toujours très soignées) éditions Cornélius, 22€. Disponible très prochainement.

jeudi 9 septembre 2010

La rentrée gauloise

On a beau râler après le mois d'août et ses touristes envahissants, y'a pas à dire septembre c'est moche... La rentrée, les impôts, l'après-vacances, les gens qui ne sont pas contents et surtout qui n'ont plus de sous... Tout ça n'est pas bon pour un commerce comme le nôtre, où l'on vend de la distraction. Car ça, en ce septembre morose, c'est le dernier de leur soucis !
Donc pour rester dans le ton, la bédé de la semaine, c'est une bédé qui parle d'un sujet grave (avec légèreté), réalisée par deux compères, rois du second degré, j'ai nommé Grégory Jarry et Otto T. ! Après nous avoir parlé de la sympathique histoire des colonies françaises et de celle du grand Texas en faisant un petit détour par Rome, après nous avoir raconté, dans la joie et la bonne humeur, la conquête de Mars par les Nazis, les voilà de retour en France, dans un petit village da la Gâtine (Deux-Sèvres). En compagnie d'Yves Mourousi, ils nous parlent gaiement de déchets toxiques et nous dressent un petit historique (au passage) de la radioactivité. Chouette !
Comme leurs précédents opus, ce Village Toxique est très réussi. Si vous aimez le ton badin et décalé des textes de Jarry et des petites vignettes d'Otto T., qui se complètent toujours parfaitement, vous ne pourrez qu'être séduits par leur nouveau coup de pied dans la fourmillière. Bien documentés, ils titillent sans en avoir l'air, gratouillent là où ça fait mal et mêlent pédagogie, humour grinçant et naïveté dans un cocktail savoureux et, bien sûr, explosif. Le format s'est agrandi et applati, mais c'est aussi bon que l'italien.
Courrez l'acheter, vous en ressortirez informés, consternés autant qu'hilares, dans tous les cas enrichis. Vous reprendrez bien un peu de plutonium ?

Village Toxique - Grégory Jarry et Otto T. - éd.Flblb - 56 pages - 13€


mercredi 25 août 2010

Le fruit du labeur

Après des semaines (voire des mois) de dur labeur, Bazoom voit enfin le jour. Il y eut de la souffrance et des larmes, des coups de stress et des crises d'angoisse, mais surtout beaucoup d'impatience et d'euphorie. Au terme de ce parcours épique, notre petite boutique a enfin vu le jour le 6 août 2010 -comme nous l'a fait remarquer notre première cliente, 6-8-10, c'est une bonne date-.
Un lieu dédié à la culture "populaire", moitié bandes dessinées, moitié disques. Du neuf, mais aussi de l'occasion. Des objets dont leurs propriétaires ne veulent plus et qui feront le bonheur d'une autre personne. C'est beau, ça s'appelle du développement durable.
Un lieu où l'on prend son temps pour flâner, feuilleter une BD, écouter un vinyle tranquillement installé dans un des petits fauteuils cosy. Mais aussi un lieu où le sympathique disquaire (ou la non moins sympathique libraire, c'est selon) prend son temps pour conseiller, discuter ou dénicher la perle rare.
Bref, un endroit agréable où le petit fan de Boule & Bill côtoie le sexagénaire rockabilly, où l'étudiante (trop grande pour lire des mangas) croise le métalleux avec ou sans tatouage. "Venez comme vous êtes" dirait consensuellement Ronald, eh bien oui, ici il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses.
En espérant vous voir nombreux (et nombreuses). Et si vous vous recommandez d'Arkham, on vous fera même un prix d'ami (666 €).
Un final, comme aux Oscars : les remerciements -avec des trémolos dans la voix- à tous ceux qui ont contribué à notre installation (car il est un peu tôt pour parler de réussite), que ce soit nos parents, la famille, les amis (le petit Gurvan -sans qui nous ne serions pas là- et ses parents en tête), nos nouveaux voisins, deux conseillers généraux très généreux -oui, oui-... On en oublie bien sûr, comme toujours dans ces cas-là.

"Ayayayayayaeuuuuh. Ghhhhrhh." Maël G.-F.