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mardi 8 novembre 2016

lundi 16 avril 2012

DISQUAIRE DAY 2012



Le samedi 21 AVRIL, venez oublier tous vos tracas, oublier ces p*** d'élections, et venez vous détendre à l'occasion de la 2ème édition du DISQUAIRE DAY chez BAZOOM ! Des tas de jolis vinyles inédits en tirage limité, LP, 45 tours, picture discs, pour tous les goûts et de toutes les couleurs et... ce n'est pas tout ! En bonus, vous aurez l'immense honneur, que dis-je, le privilège, de rencontrer deux icônes de la BD rock : TERREUR GRAPHIQUE qui dédicacera le bien-nommé "La Musique actuelle pour les sourds et les malentendants" (ed. Vraoum) et HALF BOB, qui signera lui "Gimme Indie Rock" (ed. Vide Cocagne) dont vous pouvez découvrir la bande-annonce juste en dessous. Ils vous attendrons de pied ferme et les oreilles grandes ouvertes de 14h à 17h30, ce même jour.




Un candide en Terre Sainte

Après quelques années d’attente, Guy Delisle est de retour avec Chroniques de Jérusalem, passionnant carnet de route, récemment primé Fauve d'Or au festival d'Angoulême. Il y balade son regard ingénu en nous faisant partager, avec sensibilité et humour, ses observations et ses découvertes quotidiennes. Rencontre avec un voyageur badin et concerné.

Bazoom : La Chine, la Corée, la Birmanie et maintenant Jérusalem. Chaque voyage ne fait pas forcément l’objet d’un livre. Qu’est-ce qui vous motive à partager telle ou telle expérience avec vos lecteurs ?

Guy Delisle : Il est vrai que je ne réalise pas systématiquement un livre pour chaque voyage. Je suis par exemple allé au Vietnam ou en Éthiopie – pays dans lequel je suis resté une année entière – sans pour autant en faire une bande dessinée au retour. Pour le Vietnam, notre séjour était trop court pour en tirer quelque chose de vraiment intéressant et approfondi. Je serais obligatoirement resté en surface et dans la légèreté, ce que je ne souhaite pas. J’ai donc profité de mon séjour sans prendre de notes ! En ce qui concerne l’Éthiopie, c’est un peu différent. Là-bas, j’ai intégralement écrit Pyongyang , consacré à mon précédent voyage. Concentré sur ce projet, je n’étais donc pas dans l’état d’esprit de faire partager mes expériences africaines – qui furent malgré tout très enrichissantes. Je ne fonctionne pas en réalisant mes bandes dessinées sur place, lors de mes séjours. Je prends des notes, je fais des croquis, puis je les mets en forme au retour. J’ai besoin d’avoir un certain recul pour bien retranscrire les situations, ce qui n’est pas possible quand on est plongé dans le quotidien. Il faut que tout ce que j’ai emmagasiné se décante à froid. Je travaille de manière chronologique, relatant les faits de manière assez simple, tels que je les ai vécus, en gardant les épisodes les plus mémorables. Je vois alors s’il y a matière à en faire un livre ou non.

B. : On sent parfois dans ce nouvel opus un besoin d’exprimer votre opinion, peut-être plus que dans les précédents. Est-il difficile de garder une certaine neutralité face aux événements auxquels vous avez été confrontés ?

G. D. : Cette neutralité est toute relative. Je m’efforce en effet de rester simplement narratif, dans une position d’observateur, et d’être juste. Malgré tout, suivant une ONG, j’ai forcément un parti pris humanitaire : on ne peut pas rester totalement neutre dans un pays où les droits de l’homme sont constamment bafoués. J’avoue que je ne porte pas dans mon cœur un gouvernement d’extrême droite qui est aux antipodes de mes idées et de mes valeurs. À côté de ça, la situation à Jérusalem est très intéressante à comprendre et à expliquer. Et en expliquant, je donne parfois mon point de vue. Nous avons appris que nous partions à Jérusalem à la dernière minute. Plusieurs destinations avaient été évoquées, dont le Japon. En partant, je ne connaissais rien du conflit israélo-palestinien ; je n’en ai entrevu les subtilités qu’une fois sur place. Ce conflit a une résonance particulière : nous en faisons partie en tant qu’Occidentaux, il trouve donc logiquement un écho en moi.

B. : Votre avatar dessiné joue le rôle du candide. Y a-t-il des différences fondamentales entre le Guy Delisle narrateur et vous-même ?

G. D. : Pour ce qui est des situations, je ne me permets pas d’autofiction, trop délicate dans les contextes dans lesquels je me trouve. Je tiens à garder la véracité des faits et à les retranscrire de la manière la plus fidèle possible. Le quotidien, déjà très riche, est pour moi une aventure extrêmement exotique : je ne vois pas la nécessité d’en rajouter ! Je joue par contre sur le côté naïf. Ce n’est qu’une des facettes de ma personnalité, mais elle est mise en exergue avec ce personnage. Il est souvent dépassé par les événements et réagit soit de manière stoïque, soit avec la plus grande stupeur. Je trouve que cela me représente plutôt bien. Pour le reste, je n’ai pas le temps dans le récit (ni forcément l’envie) de développer plus les traits de ma personnalité. Vouloir en dire trop, c’est aussi perdre en cohérence. Pour ma femme, qui apparaît régulièrement, c’est la même chose. J’ai accentué son côté sérieux, alors qu’elle n’est (heureusement) pas que ça !

B. : Que nous réservez-vous prochainement ? Prévoyez-vous de réaliser d’autres carnets de route ou bien de vous replonger dans la fiction ?

G. D. : Ma situation personnelle va changer, nous ne ferons plus autant de voyages, en tout cas pas aussi longs. Les enfants ont besoin de stabilité, ce qui nous amène à rester à Montpellier où nous vivons. Chroniques de Jérusalemest probablement mon dernier carnet de voyage sous cette forme. En tout cas, le dernier avant un bon moment. Peut-être repartirons-nous quand nous serons à la retraite, vers 60 ans ! Sans compter que ce genre de livre est un gros investissement. Chroniques de Jérusalem m’a pris trois années de ma vie : un an de séjour et deux ans de réalisation. Mais j’ai encore beaucoup de projets dans mes tiroirs. Un, par exemple, qui n’est pas de l’ordre de la fiction : l’histoire d’un prisonnier en Tchétchénie qui a réussi à s’évader en se cachant de village en village. C’est une aventure passionnante. Parler enfin de quelqu’un d’autre me tente bien !

Propos recueillis par Enrica Fourès pour Page des Libraires,  Librairie Bazoom, Auray

samedi 9 avril 2011

Venez fêter le Disquaire Day chez Bazoom BD-Musique

 




Le 16 avril 2011, Bazoom BD-Musique participe à la 1ère édition du Disquaire Day.

Qu’est-ce que le Disquaire Day ? 

C’est la fête des disquaires indépendants organisée par le Club Action des Labels Indépendants Français (le CALIF) à l’occasion de laquelle artistes et maisons de disques éditent des disques vinyle en tirage très limité, o
rganisent des show-cases, expositions… Cet événement existe aux Etats-Unis et en Angleterre depuis 2007 sous le nom Record Store Day. 2011 est la 1ère édition pour la France.

Chez Bazoom, vous trouverez la sélection des disques du Disquaire Day et pourrez venir écouter Le Grand Autre en show-case, groupe électro-rock alréen, à partir de 18h00.


http://www.disquaireday.fr/calif.fr/Accueil.html
http://www.facebook.com/profile.php?id=100002056085675
http://www.myspace.com/legrandautre

vendredi 25 mars 2011

De l'autre côté du miroir

Plus de deux décennies après la sortie du magnifique Cages, revoilà Dave McKean dans un autoproclamé « roman graphique érotique ».  

Une jeune femme attend son amant qui n’arrive pas. En patientant, elle tombe sur un projecteur qui contient un film pornographique. La bobine se met à brûler, dévoilant une porte vers une réalité parallèle, un enfer bien tentant dont elle ne sortira plus… Celluloïd, naviguant entre réalité et fantastique, nous entraîne dans un voyage fantasmagorique pictural et muet. Comme à son habitude, McKean joue avec les codes graphiques, mélangeant dessin au crayon, peinture et photo, citant aussi bien Picasso que le cinéma pornographique. Ce silence bruyant, ce maelström d’images, créent une atmosphère étrange, voire dérangeante. 

Dans cette œuvre belle et envoûtante, au lecteur de voir s’il se laisse prendre par la main pour franchir la porte de tous les interdits. 

Celluloïd de Dave McKean est disponible chez Delcourt.


samedi 5 février 2011

Les Illusions Perdues


Avec Mattéo, récit prévu en quatre époques, Jean-Pierre Gibrat élargit sa toile et peint le portrait en rouge d’une Europe à feu et à sang, déchirée par les combats qui ont marqué la première moitié du XXe siècle.

                Dans le premier volet, nous faisions connaissance avec Mattéo, jeune espagnol exilé en France à la suite des activités anarchistes de son père. Mais, nous sommes en 1914, la guerre arrive et les mobilisations avec. Mattéo, par sa nationalité, y échappe. Tiraillé entre les idéaux parentaux et les reproches à peine voilés de Juliette, sa bien-aimée, il s’engage dans le combat. Il ne trouve dans les tranchées que la mort et l’injustice. Sa mère, profitant de sa permission, le fait passer en Espagne – et en fait un déserteur malgré lui. Deuxième époque, deux ans ont passé. En Russie, c’est la révolution. Mattéo, qui trouve là plus de matière à se battre qu’en 1914, retourne au front. Nouveau décor, nouvelles rencontres. Il fait la connaissance de la belle Léa, acquise à la cause bolchévique, mais une fois encore, les désillusions sont cruelles. La révolution et Léa, toutes deux charmeuses, sont bien plus vénéneuses qu’il n’y paraît…

Gibrat retrouve ses thèmes de prédilection pour cette nouvelle fresque historique : la guerre, l’antimilitarisme, les « petites gens » et, bien sûr, les femmes. Comme toujours, elles jouent un rôle très important, dans l’Histoire comme dans le destin de Mattéo. Qu’elles s’appellent Juliette, Léa ou encore Amélie, ces femmes de caractère illuminent cette sombre période. Peu de surprises donc, mais du grand art, avec un Gibrat au meilleur niveau qu’il s’agisse du dessin, époustouflant et sensible, ou de la narration, très soignée. Page après page, on est happé par ces couleurs, ces visages, on plonge, presque en apnée, dans ce monde chaotique et l’on suit l’auteur où il nous emmène, de l’horreur des tranchées, aux glaces de Russie en passant les vignes de Collioure. L’édition de Futuropolis est encore une fois parfaite, couvertures splendides et papier de haute qualité qui magnifie le dessin.

Au vu de ces deux premiers volumes, il ne fait aucun doute que la suite sera à la hauteur. Il faudra juste un peu de patience pour attendre le prochain rendez-vous avec Mattéo

Mattéo de Jean-Pierre Gibrat, 2 volumes parus chez Futuropolis.


jeudi 18 novembre 2010

La Vallée des Merveilles

Il était une fois trois drôles de petits personnages, trois bones, perdus dans le désert après s’être fait chasser de Boneville. C’est le début d’une série de péripéties qui s’achève -pour la seconde fois en France- dans le 9e et dernier tome en couleurs de ce comics hors du commun, maintes fois récompensé.



Différent à bien des égards, Bone se démarque déjà par son auteur : Jeff Smith conçoit, dessine, écrit la saga seul, et autoédite les premiers épisodes, sous forme de numéros mensuels. Fait plutôt rare dans le monde des comic-books américains car les séries de ce type, publiées en fascicules, sont souvent l’œuvre de plusieurs auteurs. Le bouche-à-oreilles fonctionne et Bone devient au fil des mois la série à succès que l’on connaît, traduite dans de nombreux pays. Influencée aussi bien par Disney que par Tolkien, elle mêle ainsi un dessin cartoon (les bones ressemblent au Snoopy de Schulz sans nez ni oreilles, le Grand Dragon Rouge fait penser à Elliott (celui de Pete’s Dragon), les petits animaux semblent sortir tout droit de Bambi…) à un trait plus réaliste - lorsqu’il dessine les humains notamment.


La construction même du récit doit beaucoup à Tolkien donc, l’histoire narrant une quête épique du Bien contre le Mal absolu, et l’auteur déployant une faune variée et colorée évoluant dans « la Vallée », un monde imaginaire dont on trouve, comme le veut la tradition, la carte en début et fin de chaque volume. Il s’agit là d’influence et en aucun cas de plagiat, car Jeff Smith parvient à créer un univers original et attachant et une intrigue qu’il sait faire évoluer intelligemment au fil des pages. Autre trait marquant de cette série, l’humour y tient une grande place, à tel point que certains gags pourraient constituer des comic-strips indépendants. Le sens de l’absurde et du comique de Jeff Smith fait des merveilles tout au long de ces neuf volumes.


Ces multiples inspirations, issues d’univers si différents, donnent au final quelque chose de jamais vu, une série qui, s’adressant à un public très large, offre un plaisir de lecture rarement égalé, appelant le rire, l’émerveillement et l’émotion. La couleur ajoutée par Steve Hamaker dans cette édition, loin de dénaturer le dessin de Jeff Smith lui apporte une nouvelle dimension, augmentant les contrastes et les nuances –on peut enfin voir les bones rosir de plaisir – ou de gêne !-. Un régal.


Bonus : si, après avoir lu (et relu) Bone, on veut rester dans l’univers de Jeff Smith, il est toujours possible de se procurer les deux hors-séries, Rose (préquelle dessinée par Charles Vess dans un style plus classique, à lire impérativement après Bone pour ne pas en gâcher le suspense) et Big Johnson Bone contre les rats-garous (récit drôle et léger se déroulant également avant Bone et mettant en scène un ancêtre des trois cousins).